Entretien avec Jo Maïsetti, entraîneur fédéral

Jo Maïsetti est entraîneur de l’Equipe de France en charge du sprint et du relais. Depuis 2006, il met son expérience internationale du haut-niveau au service des athlètes handisport.

Comment et pourquoi as-tu intégré l’encadrement de l’équipe de France Handisport d’Athlétisme ?

Je suis un retraité de l’enseignement, j’ai exercé dans des lycées, dans des écoles de cadre. Ensuite pendant 15 ans j’ai été entraîneur national du sprint et du relais de l’équipe de France d’Athlétisme et en 2006, en partie à la demande de Patrice Gergès, j’ai bifurqué dans le monde handisport. Le vrai point de départ ça a été ma rencontre avec Clavel Kayitaré. J’ai été séduit par sa personnalité, son travail ; je me suis attaché et c’est comme cela que j’ai rejoint l’athlétisme handisport. Une demande, une rencontre et du plaisir !

Quel bilan fais-tu des performances des sprinteurs et relayeurs français lors des Jeux Paralympiques de Londres 2012 ?

C’est un bilan satisfaisant, nous sommes revenus avec des médailles, mais je pense maintenant qu’il faut que nous passions un cap. Il faut changer beaucoup de choses, notamment au niveau de l’entraînement. Aujourd’hui tous nos athlètes n’ont pas les moyens de suivre une préparation de professionnel. Trois éléments sont primordiaux dans la préparation : le travail bien sûr, le repos et l’alimentation. C’est un triangle qu’il faut essayer de maîtriser mais c’est très compliqué. Clavel Kayitaré par exemple, consacre ses journées à son travail et il s’entraîne le soir. Parfois il a des disponibilités pour nous suivre en stage, comme la semaine dernière, mais dès son retour il doit retourner au travail ; il n’a pas le temps de récupérer. Compte tenu de notre structure d’entraînement, les résultats sont bons. Je me suis rendu compte à Londres que les anglais par exemple, sont beaucoup plus professionnels que nous à ce niveau.

Par rapport à ce bilan, quelle préparation as-tu mis en place pour les Championnats du Monde de Lyon cet été ?

Pour les Championnats du Monde à Lyon cet été, nous avons essayé de mettre en place une meilleure structure mais tout cela prend du temps. C’est un travail de longue haleine qui commence. Il faut une prise de conscience en haut lieu. Nous appartenons au milieu handi et nous ne sommes pas reconnus comme il devrait être. Ayant été dans la Fédération Française d’Athlétisme valide je vois très clairement la différence.

La préparation des relais connait aujourd’hui une nouvelle dynamique, quelle est-elle et pourquoi faire un tel choix ?

Nous avons fait ce choix parce que nous sommes tous conscients de l’apport d’un relais en terme de visibilité, de notoriété et de médailles. J’ai expérimenté cela chez les valides ; grâce aux relais nous avons gagné des médailles, on a battu des records. Ça a été un facteur de prise de conscience : nous pouvions rivaliser avec les américains. C’est la première année que nous mettons en place cette politique. Avant et pour Londres notamment, nous n’avions pas de préparation spécifique pour le relais. L’improvisation ce n’est jamais bon. A présent nous avons davantage conscience de l’importance de mettre en commun les qualités individuelles des athlètes ; cela peut contribuer à tirer le handisport vers le haut.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui souhaiterait commencer le sprint ?

Je lui conseillerai de prendre une licence dans un club, c’est important d’être entouré. Il faut ensuite qu’il fasse des compétitions, qu’il se rapproche des stages proposés par la commission d’athlétisme handisport. C’est de cette manière que le lot des participants va grossir. Les Championnats du Monde de Lyon 2013 vont être une fabuleuse vitrine pour d’éventuels nouveaux venus, si nous arrivons à briller. Plus nous serons nombreux, plus l’encadrement sera performant et meilleurs nous serons. Tout cela est tributaire de la mise en place d’une politique globale. Nous sommes en bonne voie, nous sommes une petite commission certes mais très active, nous ne manquons pas d’ambitions mais nous manquons cruellement de moyens.

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