Rencontre avec deux guides dans le vent

« La relation qui lie un guide et l’athlète est une relation qui se construit avec le temps. » Rencontre avec deux guides riches d’expériences internationales, Gautier Simounet (notre photo) et Edgar Onezou.

Comment es-tu devenu guide et quelles étaient tes motivations au départ ?

Gautier Simounet (G.S) : Je travaillais à la Fédération Française Handisport, à la commission Athlétisme. J’organisais des stages pour les jeunes athlètes et petit à petit je me suis mis à aider les jeunes qui n’avaient pas de guide. Mes motivations, s’étaient prendre du plaisir et surtout aider.

Edgar Onezou (E.O) : Je suis devenu guide un peu par hasard. Au début c’était pour remplacer un guide qui n’était pas disponible et puis après la collaboration avec Trésor Makunda s’est bien passée et on a continué. C’est difficile je pense de parler de motivation au départ, on commence, on est dans la découverte. La motivation elle vient au fur et à mesure, avec les confrontations sportives.

Quels sportifs as-tu guidé et quel est ton palmarès en tant que guide ?

G.S : Les sportifs les plus connus que j’ai guidés sont Assia El Hannouni, Pasquale Gallo, Antoine Pérel et Trésor Gauthier Makunda. En tant que guide je suis double champion paralympique du 200m (Pékin et Londres), champion du monde du 200m à Christchurch en 2011, champion d’Europe du 200m, troisième du 4x100m à Pékin et troisième du 4x100m aux championnats d’Europe.

E.O : J’ai guidé Hyacinthe Deleplace et je guide, encore aujourd’hui, Trésor Gauthier Makunda. En tant que guide je suis champion du monde sur 100m, médaillé de bronze à Pékin sur 100m et 4x100m, et enfin champion d’Europe en 2009 sur 100m avec Trésor.

Comment prépares-tu les Championnats du monde d’athlétisme, avec qui et pour quelles épreuves ?

G.S : Je prépare les Championnats du monde avec Trésor Gauthier Makunda pour le 100m et le 200m, et Antoine Pérel pour le relais 4x100m. Ma préparation pour cet évènement est très classique, je m’entraîne tous les jours. Je fais tout pour être prêt pour ce gros évènement.

E.O : Je prépare les Championnats du monde avec Trésor, pour le 100m et 200m. Je me prépare en faisant des stages, des entraînements individuels et guidés. En tant que guide j’ai une double préparation.  Il est crucial, pour rester le plus compétitif possible, de combiner entraînement individuel et entraînement en binôme.

Peux-tu nous expliquer les relations particulières que doivent entretenir un guide avec son partenaire ?

G.S : La confiance entre le guide et l’athlète est primordiale. Il faut qu’il y ait une véritable relation d’amitié dans la vie, pas que sur la piste. Quand on est guide, on est guide sur la piste, mais aussi dans la vie. Si tous ces éléments ne sont pas réunis ça ne peut pas fonctionner. C’est essentiel, ça nous permet de prendre du recul par rapport à la discipline, de se soutenir et de gérer les mauvais jours. L’athlétisme en tant que guide ça devient un sport collectif, on est plus tout seul, c’est plus le même sport.

E.O : La relation qui lie un guide et l’athlète est une relation qui se construit avec le temps. Au départ je ne connaissais pas du tout Trésor mais on a appris à se connaître.  Plus on construit un lien fort au niveau relationnel plus ça se ressentira au niveau sportif : le relationnel conditionne le sportif. Il permet de bien se comprendre, d’être à l’écoute des sensations et du ressenti de l’autre.

Quelle est la préparation d’un guide (entraînement systématique avec l’athlète guidé, préparation individuelle, travail de coordination etc.) ?

G.S : Cette préparation varie en fonction de l’athlète que l’on guide. Par exemple avec Assia je m’entraînais souvent de mon côté et un jour par semaine on courait ensemble, pour garder le lien. Avec Trésor c’est très différent, du fait qu’il soit non-voyant je m’entraîne tous les jours avec lui. Ce qui est bien c’est que nous sommes deux guides avec Trésor, ça nous permet d’alterner, de rester compétitif, de s’entraîner seul, d’être plus disponible encore.

E.O : La préparation d’un guide repose sur une double préparation : entraînement individuel et avec l’athlète guidé. Mon travail, c’est de m’adapter, peu importe l’athlète. La difficulté c’est lorsque l’athlète et le guide n’ont pas le même entraîneur. C’est problématique parce qu’on ne peut pas aller au bout des choses. J’ai eu ce problème au début, mon entraîneur n’était pas forcément d’accord avec le fait que je guide, ça perturbait ce qu’il avait prévu. Avoir le même entraîneur ça facilite beaucoup de chose mais ce n’est pas évident à réaliser.

Comment envisages-tu ton avenir en tant que guide ? « Rio 2016 » est-il l’un de tes objectifs ?

G.S : En tant que guide, je vise Rio 2016, avec Trésor.

E.O : Avec Trésor on va se lancer sur Rio 2016, ça va sûrement être notre dernière compétition, notre dernier voyage. On va tout mettre en place pour réussir ces Jeux le mieux possible, on va bien s’entourer, bien se préparer.

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