Entretien avec Gwénaël Lanne-Petit, 2e partie

L’avenir des équipes de France, véritable vitrine du savoir-faire français, se prépare bien en amont des grandes échéances internationales. Pour l’athlétisme handisport, le référent jeunes est Gwenael Lanne-Petit et il a la lourde tâche de préparer les jeunes pousses aux futures joutes du haut-niveau. Il nous révèle sa recette (deuxième partie)…

Etes-vous optimiste pour l’avenir de l’équipe de France ?

Le niveau international augmente très vite et mon rôle est d’anticiper cela. Maintenant oui, je me dois d’être optimiste, pour mon équipe et les jeunes que je suis régulièrement, certains depuis quelques années. Mais optimiste ne veut pas dire utopiste ! Je dois être réaliste quant aux qualités et aux capacités de chacun à évoluer au plus haut-niveau. Même si l’on a du retard dans la formation des professionnels des clubs valides en capacité d’accueillir un jeune handisport, je reste optimiste car le travail est fait dans ce sens.

Globalement depuis les jeux de Londres, sentez-vous une accélération quant à la médiatisation de la discipline, la motivation des acteurs ?

Les Jeux de Londres ont été un formidable vecteur de motivation pour les jeunes, surtout en athlétisme avec les bons résultats obtenus. Par contre je n’ai pas vu plus de jeunes à potentiel que par le passé. Même si pour le grand public les JP sont un évènement révélateur du dépassement de soi, les acteurs qui travaillent avec les jeunes le voient différemment. Ces acteurs, qu’ils soient dans le domaine médical, sportif, familial, sont heureux que la discipline soit mise en avant mais ils n’ont pas conscience du potentiel de « leurs » jeunes. J’ai été confronté plusieurs fois à cette problématique de l’accompagnateur qui ne pense pas que son athlète a du potentiel car il ne court pas vite, ne saute pas loin ou ne lance pas loin. Ces personnes n’ont pas conscience du niveau des jeunes dont ils s’occupent, elles pensent que le haut-niveau c’est beau à la télé et que ce n’est pas faisable pour leurs athlètes. 15’’ au 100m pour un valide de 15 ans c’est un niveau faible mais pour un handi cela peut être une très bonne performance !

Pour les Espoirs, c’est différent. Eux-mêmes savent qu’ils sont aux portes de l’Equipe de France. Mais mon discours n’a jamais été de dire qu’un Espoir suivi intégrerait forcément l’Equipe de France. J’ai la même ligne de conduite, pour tout le monde. Je leur donne des outils pour progresser, je ne suis pas derrière eux pour aller s’entrainer, aller en compétition. Tout ça n’appartient qu’à eux. S’ils veulent aller aux Jeux Paralympiques, il faut travailler dur. Certains le savent, d’autres le comprennent, d’autres non.

Parlez-nous du Pôle France à Lyon…

Je suis à l’origine de la réflexion sur la création du pôle, donc je suis plutôt satisfait qu’un outil au service des jeunes ait été créé. Le public handisport est particulier et l’intégration reste parfois compliquée, c’est pourquoi le pôle correspond à sa demande et ses motivations. Je sais que ceux qui intègrent le pôle ont un double projet professionnel et sportif, c’est important pour moi. De plus, ce lieu dispose d’infrastructures extraordinaires, sur lesquelles je m’appuie pour mes stages. Je travaille en étroite collaboration avec Denis Charreyre, coordinateur du pôle, afin de définir les meilleurs profils pour une entrée éventuelle dans ce lieu. L’échange est très intéressant car cela me permet d’être également plus pointu sur les profils afin de lui donner un maximum d’informations. Je sais qu’il travaille dur pour que chacun des jeunes puissent intégrer le pôle. C’est notre ambition.

Le mot de la fin ?

Je pourrais faire une liste de ce qui me plait ou ne me plait pas mais l’essentiel est de voir les jeunes porter le maillot de l’Equipe de France à Rio en 2016 et plus si affinité ! Voilà mon but. Et puis recommencer avec la même ferveur et envie pour 2020 car c’est déjà demain.

PARTAGER : Share on FacebookTweet about this on TwitterEmail this to someonePrint this page
Classé dans :
Espoirs Toute l'actualité