Adieu Rio 2016 ! Bienvenue Tokyo 2020 !

Adieu Rio 2016 ! Bienvenue Tokyo 2020 !

Quelques jours après la clôture des Jeux Paralympiques de Rio, où l’athlétisme tricolore a ramené 9 médailles dont 3 en or, c’est un bilan « à froid » que Julien Héricourt nous expose avec ses satisfactions, ses déceptions et ses projets pour l’avenir.

Avec 9 médailles au compteur et 3 titres, on peut parler de jeux réussis ?

Oui je pense que l’on peut dire cela. L’athlétisme, c’est 1/3 des médailles de la délégation française au total, comptablement c’est un bon bilan. A Londres, nous avions eu 12 podiums et 4 médailles d’or, on fait un peu moins bien cette année c’est vrai mais nous avions aussi moins de sportifs, et puis le niveau global de l’équipe s’est élevé avec environ 80% de finalistes, et ça c’est une très bonne chose. Les jeunes ont battu leur record personnel, ce qui n’est pas rien dans les conditions des Jeux Paralympiques. Cela prouve également la qualité de notre formation.

Marie-Amélie Le Fur a tenu son rang et a tout de suite entraîné l’équipe vers une bonne dynamique avec son titre à la longueur…

Elle est la capitaine et a superbement rempli son rôle. Le concours est venu tôt dans ces jeux et le fait qu’elle gagne a tout de suite lancé la dynamique. Son titre n’était pas gagné d’avance, suite à sa blessure du mois de juillet, mais c’est une championne. Elle a survolé le concours dès son premier essai avec une forte concurrence et a claqué le record du monde à deux reprises. Son titre sur le 400m est également extraordinaire et démontre qu’elle n’a rien perdu de ses qualités foncières qu’elle avait développées plus jeune.

On fait le tour des autres médaillés ?

Nantenin Keita, de son côté, est allée chercher sa médaille d’or sur le 400m, après sa semi-déception sur le 100m, comme la rageuse qu’elle est. Concentrée, appliquée, revancharde après sa 5e place sur le 100m, elle a prouvé qu’elle savait être là le jour J en battant en plus le record d’Europe. Après les galères physiques qu’elle a traversées, elle est un bel exemple de persévérance.

Arnaud Assoumani, lui, on connaît son niveau à la longueur, il a tutoyé les 8m. Ce n’est plus le cas actuellement mais il a eu pas mal de blessures, pas mal d’adaptations dans sa préparation tronquée. Il récolte une belle médaille de bronze. Il a le potentiel pour aller plus loin mais après tout ce qui lui est arrivé, il aurait pu ne pas être là à Rio donc on est satisfait. Louis Radius fait le bronze aussi, sur le 1500m. Sur sa course, il a le niveau pour jouer la gagne. Il laisse partir le duo de tête pour ne plus le revoir, dommage qu’il n’ait pas pris ce bon wagon, on ne sait pas ce qui serait arrivé à l’emballage. Mais dans tous les cas une médaille aux jeux c’est une belle médaille donc ne boudons pas ce plaisir. Enfin, Mandy François-Elie récolte l’argent sur le 100m. Elle est arrivée en 2012 en outsider avec beaucoup de fraîcheur, on n’attendait pas forcément l’or de sa part à l’époque. Elle a beaucoup progressé depuis mais les autres aussi. Sa catégorie s’est bien densifiée.  Elle aussi a eu des problèmes de santé ces derniers mois. Dans quatre ans, elle sera encore très compétitive j’en suis persuadé.

Et Pierre Fairbank ?

Le vieux briscard de 45 ans est au sommet de son art. Il a le souci du détail sur le matériel, il a réalisé également un gros travail sur la préparation physique. Il n’est pas loin de l’or sur le 800m, il prend le bronze sur le 400m, franchement que demander de plus. On est tous content pour lui.

Parlons des déceptions ?

Timothée Adolphe a le sort qui s’acharne un peu sur lui. Doha, Grosseto, Rio, il s’est toujours passé quelque chose de pas vraiment maîtrisable et qui n’avait rien à voir avec sa forme du moment. Il est un peu chat noir. Au Brésil, il fait le record d’Europe en séries sur 100m puis se blesse, sur le 400m il mord la ligne de peu. On ne peut pas dire que sa condition physique et sa motivation soient à remettre en cause. Maintenant, il a certainement manqué un peu de sérénité ces derniers temps, avec le choix des guides, et on sait qu’à ce niveau, tous les détails comptent. On est déçu pour lui car ça fait beaucoup de compétitions où il ne peut pleinement s’exprimer. Pour Julien Casoli, on pensait qu’il atteindrait au moins la finale sur toutes les distances où il était engagé. Il existe beaucoup de densité dans cette catégorie fauteuil T54, elle n’est pas simple mais Julien a connu une baisse de régime au fil des jeux qu’il faut comprendre. Il travaille c’est sûr mais peut-être faut-il changer quelque chose dans sa préparation.

Ces Jeux marquent la fin d’une génération, mais les mondiaux 2017 à Londres vont vite arriver avec des jeunes et des nouveaux ?

Il faut toujours avoir la volonté d’ouvrir cette équipe de France et en même temps il faut trouver de nouveaux talents. J’ai toujours le rêve un peu fou d’avoir un athlète dans chaque discipline et dans chaque famille de handicap. Cette équipe est ouverte à tous et il faut évidemment l’ouvrir aux jeunes qui doivent s’aguerrir. En France on manque de compétition et d’adversité. Juillet 2017 va venir vite. On va faire en sorte qu’il y ait une transition entre les anciens et les jeunes à cette occasion. Dans l‘encadrement, on a aussi la volonté de renforcer certains postes afin de mieux accompagner les athlètes tout au long de l’année. Il faut plus de lien entre le staff et les athlètes et avec les entraineurs personnels. Pour les quatre prochaines années, il faut se poser les bonnes questions, ne pas s’endormir. Il faut un collectif toujours plus performant, les médailles d’or ne doivent pas venir seulement de deux ou trois personnes. On a le droit de regarder ce que font nos voisins allemands et anglais. On n’a pas leurs moyens mais il y a des idées à prendre certainement. Tokyo 2020 était déjà dans les têtes bien avant Rio mais il faut approfondir encore notre réflexion.

Texte : Renaud Goude
Photo : Florent Pervillé

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