A la rencontre des Bleus … Episode 5

Sébastien Mobré, double médaillé cet été à Swansea (argent sur 200m, bronze sur 100m), revient sur ses performances et aborde les mois à venir.

Que retenez-vous de votre aventure européenne ?

Je retiens avant tout le plaisir de pouvoir regoûter aux podiums internationaux, car ça faisait depuis 2 ans que je n’y étais pas monté. Ce qui m’a aussi marqué, ce sont les conditions climatiques qui n’avaient pas été évidentes.

Que retenez-vous de manière générale de la saison écoulée ?

Je retiens surtout une bonne préparation pour les Championnats d’Europe. Depuis fin 2013, je suis dans un nouveau cadre d’entraînement, à Aix-les-Bains, avec de meilleures conditions d’entraînements et de meilleures infrastructures. C’était un pari assez risqué, mais vu les résultats en 2014, je pense que je ne me suis pas trompé, car je fais les meilleurs chronos de ma carrière.

Quels seront vos objectifs principaux jusqu’à Rio ? (en terme d’entraînement, de résultats et de chronos)

Toute la préparation qui est faite rentre dans « l’objectif Rio » de toute façon. Entre temps, il y aura les Mondiaux de Doha (octobre 2015), arrivant un peu tard au niveau de la saison des compétitions, mais on essaiera de s’adapter.

L’objectif sera de travailler tous les points faibles. J’en ai déjà comblé un, car j’ai réussi à modifier ma position dans le fauteuil. Je me suis fait refaire un nouveau fauteuil qui va beaucoup mieux au niveau de ma position, c’est déjà un objectif de rempli.

Je vais essayer aussi d’aller chercher les minima pour les Mondiaux, de façon à pouvoir faire une dernière grosse compétition avant les Jeux, ça serait intéressant en effet d’aller « chatouiller » les concurrents.

Et le dernier objectif sera évidemment la sélection pour les Jeux. Cette sélection va être assez dure.

Pensez-vous déjà à Rio ? Si oui, quels y seront vos objectifs ?

Oui forcément. Les Jeux de Londres on été ma première olympiade, et à peine de retour en France, j’avais déjà envie de revivre cette aventure, car c’est quelque chose de magique. Dès que je suis rentré sur le sol français après Londres, je pensais déjà à recommencer pour Rio.

Pour l’instant, je n’ai pas d’objectif pour Rio, car il y a pleins de choses avant : la sélection pour Doha, les objectifs de Doha, la sélection de Rio. Évidemment, quand on commence une olympiade, c’est avec l’intention de monter sur la boîte, mais pour l’instant Rio n’est pas la priorité. Arrivé à un moment, on fixera un cap avec mon entraîneur mais pour l’instant ce n’est pas la priorité, il y a les Mondiaux avant.

Chaque étape est importante : si on voit trop loin, on peut zapper des étapes. Et si on zappe des étapes, ça peut ne pas nous faire aller jusqu’au bout.

Serge Robert est entraîneur fédéral auprès des athlètes en fauteuil de l’équipe de France. Il revient sur son rapport avec Sébastien Mobré, ainsi que sur son rôle au sein de l’équipe nationale.

Quel rapport entretenez-vous avec Sébastien Mobré ?

On a des rapports par téléphone essentiellement. Je me renseigne surtout par rapport à son programme d’entraînement, à sa planification, pour voir si tout se déroule bien. Et ensuite, je le vois sur quelques périodes de l’année pour faire le point sur les séances d’entraînements, et éventuellement arranger ces séances en fonction des objectifs et de la période de l’année. J’en tiens ensuite compte à Jean-Baptiste Souche, le référent haut niveau de la commission fédérale en athlétisme, qui coordonne tout et avec qui je fais le lien, en plus de Julien Héricourt, le directeur sportif.

Le but pour moi, c’est que Sébastien, comme les autres athlètes en fauteuil, bénéficie des meilleures structures d’entraînement, qu’il ait un coach et que l’entraînement soit cohérent avec ses objectifs. Par exemple, Sébastien avait un entraîneur lorsqu’il était sur Paris. Mais au moment où il a déménagé en Savoie, il ne voyait plus son coach car ce dernier lui transmettait les programmes d’entraînement à distance, ce qui impliquait une grande autonomie de la part de Sébastien pour effectuait ses séances, et j’avais quand même des doutes sur l’efficacité de cette méthode. En effet, Sébastien était inexpérimenté sur ce type de fonctionnement. Je me suis donc assuré qu’il y ai un coach sur place pouvant valider du bon déroulement des séances.

Je suis donc en rapport avec l’entraîneur de Sébastien qui m’envoie le contenu des séances, le compte-rendu. Il faut s’assurer que Sébastien n’en fasse ni trop, ni pas assez.

J’appelle aussi Sébastien pour évoquer les différentes réservations et préparatifs des échéances à venir.

Comment définiriez-vous Sébastien Mobré ?

C’est un garçon qui a toujours était intéressant à entraîner, car il a découvert l’athlétisme quand il est arrivé à nos côtés. On l’a donc vu partir sur les fondamentaux, et progresser techniquement et psychologiquement, contrairement à d’autres qui ont déjà un vécu derrière eux et dont les habitudes sont alors compliquées à modifier à l’entraînement. Ce qui était intéressant et constructif avec Sébastien, c’est qu’on ai vraiment parti de « zéro », et qu’on s’est trouvé dans l’accompagnement pur.

Le fait qu’il ai gagné des titres lui a construit une personnalité, un personnage, et petit à petit il prends des habitudes, auxquelles on essaye de s’adapter.

Sébastien est assez susceptible, et peut parfois se trouver en situation de refus. Il faut alors que « j’encaisse », mais on en reparle après en débriefant. Mais généralement, nos rapports se passent bien.

Il s’est rendu compte ces derniers temps qu’il fallait qu’il reparte un peu de « zéro », car la relève est arrivée, ce qui est dur à encaisser. Il s’est rendu compte que c’était de plus en plus dur de rivaliser, comme en plus il prends de l’âge. Il n’y a pas eu de discussion franche sur ce sujet, mais il y a toujours une différence entre ce que dit et ce que pense l’athlète, donc je ne pense pas que ce qu’il dise à ce sujet ne soit entièrement la réalité. Je pense qu’il est capable de faire des choses encore, un podium ou un titre international.

Quel est votre rôle au sein de l’équipe de France ?

Initialement, je côtoie l’encadrement en tant qu’ancien athlète. L’ancien directeur sportif m’avait sollicité car j’avais le profil qui correspondait, car il n’y avait pas beaucoup de spécialiste de course fauteuil. Mais je ne cache pas que d’autres pourraient prendre ma place, qui serait prêts à mener l’équipe d’une autre façon, car j’avoue que je me suis installé dans une certaine routine. Mais cela dépendra de l’avis des dirigeants.

Je suis donc entraîneur fédéral spécialiste des courses en fauteuil, du sprint jusqu’au marathon, et je côtoie les athlètes lors des regroupements de l’équipe de France, sous la tutelle de Jean-Baptiste Souche et de Julien Héricourt.

De manière générale, quels sont les liens entretenus avec les athlètes ?

Il y en a certains à qui je parle très peu car ils ne vivent pas sur le territoire. Je pense notamment aux Calédoniens qui ne reviennent pas très souvent en métropole, donc je leur parle très peu. Tous les autres, pour la plupart je ne les vois que lors des regroupements, et en dehors des stages je ne les côtoie pas tellement. Hormis Julien Casoli et Sébastien Mobre que je côtoie plus souvent car ils habitent en métropole, je n’entretiens pas de lien direct avec les autres sauf en stage.

Et en dehors des rendez-vous avec l’équipe de France ?

Je suis référent technicien fédéral au niveau des fauteuils. Si un athlète ou un comité régional souhaite un renseignement technique (question de matériel, de courses ouvertes au handisport, …) c’est à moi qu’il s’adressera. Mon rôle est de les accompagner.

J’ai aussi un investissement local et régional dans ma région (sud-ouest), j’y essaye de développer la discipline.

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