A la rencontre des Bleus … Épisode 3

Timothée Adolphe, champion d’Europe du 200m et du 400m cet été à Swansea, et disqualifié en finale du 100m, revient sur sa saison et aborde ses objectifs à venir.

Que retenez-vous de votre aventure européenne ?

En ce qui me concerne, ça a été beaucoup d’expérience et d’émotion en très peu de temps. On avait à cœur de montrer de belles choses. Je suis encore dans une phase d’apprentissage, j’ai encore beaucoup à apprendre. Quand on se retrouve face à certaines situations il faut savoir les gérer et rester professionnel, ce n’est pas toujours évident. Quand on arrive favori sur une finale d’une distance qui n’est pas la nôtre et qu’on sort sur faux-départ, c’est dur, c’est frustrant, c’est difficile de mettre des mots sur ce qu’on ressent vraiment à cet instant (référence à sa disqualification sur 100m). Mais il faut savoir gérer ces moments-là pour ne pas lâcher trop de jus et d’énergie dans la déception, l’énervement et la frustration surtout quand on est quelqu’un d’impulsif! Après cette désillusion, il fallait se remobiliser et montrer un autre visage. Avec Cédric (Cédric Felip, son guide) on savait ce qu’on valait et ce pourquoi on avait travaillé toute l’année. On avait utiliser un joker, il nous restait à faire ce pourquoi on était venu. Ce qu’on peut en retenir, c’est nos premiers titres internationaux même si ce n’est que sur le plan Européen. C’est aussi la découverte de ces instants magiques. Notre tour d’honneur après la victoire sur 200m restera un super souvenir.

Que retenez-vous de la saison écoulée de manière générale ?

Ça a été une très bonne saison pour moi, la première sans véritable blessure, et ça fait du bien de pouvoir enchaîner les entraînements sans devoir s’arrêter pour « x ou y raison ». J’ai été beaucoup plus rigoureux qu’avant sur mon hygiène de vie, les soins etc… et ça a souri , il faut espérer que ça puisse poursuivre dans cette voie. En terme de résultat, c’est très satisfaisant, les chronos ont continué de descendre sauf sur 400m mais les « perfs » n’étaient pas mauvaises, on n’a seulement pas eu la chance de pouvoir courir dans de bonnes conditions à chaque fois qu’on s’alignait sur cette distance. Il faudra remédier à cela dès cette année.

Quels seront vos principaux objectifs d’ici Rio ? (en terme de chronos, résultats et entraînements).

D’ici Rio, il y a encore beaucoup de travail. Déjà sur le plan de l’entraînement, c’est de pouvoir encaisser de mieux en mieux les séances que mon coach (Arthémon Hatungimana) me donne et de pouvoir intégrer une séance de plus cette année, et éventuellement une de plus en 2016, il faut y aller progressivement pour éviter les blessures et tout ce qui pourrait marquer un temps d’arrêt. D’un point de vue chronométrique, il faut aller chercher les records d’Europe sur 200m et 400m, c’est vraiment l’objectif. On n’a pas le choix si on veut être compétitif sur le plan mondial, le niveau augmente, à nous de hausser notre niveau sur les grands rendez-vous. On sent qu’on l’a dans les jambes. Maintenant il ne suffit plus de le dire, il faudra le faire.

Pensez-vous déjà à Rio ? Si oui, quels y seront vos objectifs ?

Qui n’y pense pas !? On a tous un œil sur Rio je pense. Cependant il faut savoir prendre les choses comme elles viennent et ne pas brûler les étapes. Je fais confiance à mon entraîneur pour me préparer au mieux. L’objectif, c’est de <ramener une médaille et en or si j’en ai les moyens. Dans notre catégorie les brésiliens sont très forts. A domicile, ils le seront d’autant plus, à nous d’être prêt pour l’être plus qu’eux.

Arthemon Hatungimina, coach de Timothée Adolphe, et membre du staff technique fédéral, revient sur sa collaboration avec l’athlète. Il nous explique enfin son rôle au sein de l’équipe de France.

Quels rapports entretenez-vous avec Timothée ?

On se voit les jours  d’entraînements, à hauteur de cinq séances par semaine, et on s’appelle souvent pour caler les séances, même à 23h ça arrive qu’on se parle de la séance du lendemain.

En quelques mots, comment le définiriez-vous ?

C’est un garçon formidable et de grand caractère, comme tous les champions. Il est féroce, il a très envie de réussir dans son sport et je l’accompagne dans ses projets. Il est très impliqué dans le développement du handisport.

Comment jugez-vous la saison écoulée , et en particulier le rendez-vous européen ?

La saison s’est très bien passée , on a réalisé tous nos objectifs. Que demander de plus !

Quels seront les objectifs à atteindre jusqu’en 2016 ? (en terme de résultats, d’entrainements ou encore de chronos).

Ce sera déjà de viser le podium des mondiaux en 2015, afin d’avoir le goût de gagner des grandes compétitions. Pour 2016 on va monter en puissance avec sept séances par semaine, on aura aussi pour objectif de doubler le 200m et le 400m à Rio.  La médaille paralympique serait une belle récompense pour Timothée. Je tenais aussi à remercier les guides pour leur travail.

Quel est votre rôle dans l’équipe de France pendant les compétitions, stages, … ?

Julien Héricourt (Directeur Sportif) et Olivier Deniaud (ancien directeur d’équipe de France maintenant master coach), m’ont confié une mission depuis 2009: celle de manager le sprint long et le demi fond, je rempli mon rôle sans faille pour le moment. Je ne compte pas les heures de bénévolat en handisport, comme beaucoup, c’est aussi ma passion de travailler dans ce mouvement. Je suis disponible à tout moment.  On me surnomme « le sage de l’équipe » et ça m’arrive de donner des conseils de  bonne conduite quand on est en équipe nationale.

En dehors des rendez-vous avec l’équipe de France ?

Je travaille sur la détection des athlètes qui sont en situation de handicap dans des compétitions valides en Ile de France. Je développe d’avantage le PUC (Paris Université Club) handisport, club dans lequel je suis Directeur sportif et entraîneur de demi fond.

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