Vincent Ferring, kiné de l'équipe de France

Comment et pourquoi as-tu intégré le staff médical de l’équipe de France Handisport d’Athlétisme ?

J’ai commencé en 1998, ça commence à dater. Je suis arrivé dans le Handisport pour aider Anne Vegnauld qui était la seule kiné, elle s’occupait de tout. Quand la structure Handisport a évolué elle a eu besoin d’aide donc je suis arrivé à ce moment-là. Notre première grande compétition a été les Jeux Paralympiques de Sydney en 2000, elle m’a alors présenté à tout le groupe, c’est comme cela que tout a commencé.

Quelle est la particularité du kinésithérapeute exerçant au sein d’une structure Handisport ? Est-ce fondamentalement différent de travailler avec des sportifs valides ?

Quand on est kinésithérapeute dans une structure handisport il faut rester fidèle à la fois au sport et à la fois au handicap. Il faut considérer les patients comme un public normal, il ne faut pas être dans la compassion et il ne faut néanmoins pas oublié qu’ils ont un handicap. Le mot d’ordre finalement c’est de faire la part des choses entre le handicap et l’activité sportive de haut niveau. C’est ça qui me plaît dans le Handisport.

Quel est l’impact physique d’une pratique sportive de haut niveau chez les athlètes en situation de handicap ?

Il y a trois choses à considérer. D’une part le sport peut avoir un impact négatif sur les athlètes aussi bien valides qu’en situation de handicap : le surentraînement, les traumatismes qui sont renforcés par le handicap. Mais le sport c’est aussi bon pour la santé, ça contribue au développement physique. C’est d’autant plus important pour les athlètes handisport qu’il participe à leur rééducation, et surtout à leur réadaptation. Grâce au sport les athlètes ont un but, de nouveaux projets. C’est un moyen pour eux d’accepter le handicap et de continuer à vivre, tout simplement. Si l’on regarde Mandy François-Elie par exemple, elle progresse, elle récupère encore aujourd’hui de son handicap à travers le sport.

Les Championnats de Lyon de cet été arrivent juste un an après les Jeux Paralympiques de Londres 2012, quelle est dès lors, la préparation adoptée par les athlètes pour être performants sur ces Mondiaux ?

Pour la grande majorité des athlètes handisport, le besoin de couper après Londres s’est fait sentir. Ils avaient tous besoin de récupérer au niveau physique et mental, de recharger les batteries. Ces Championnats du Monde s’inscrivent dans cet « après Jeux Paralympiques ». Bien sûr il y a un enjeu sportif, tous les athlètes présents vont chercher à gagner, mais l’ambiance est très différente. C’est compliqué d’évoquer la préparation des athlètes, aujourd’hui elle est très individualisée. Auparavant tout était en commun. A présent c’est différent, j’ai tendance à dire que les athlètes nous échappent, nous n’avons plus le contrôle. Je pense que c’est une bonne chose, ça participe à leur émancipation et à leur professionnalisation. Pour certains c’est moins profitable c’est sûr. Globalement les athlètes sont prêts, ils sont bien entraînés, ils ont fait des beaux parcours en compétitions et surtout ils sont très peu blessés ce qui est un bon signe pour les kinés ! Cette compétition va être très excitante, l’équipe de France est jeune, il y a donc de nouveaux athlètes, de nouveaux enjeux, beaucoup de fraîcheur !

Quel conseil médical donnerais-tu à un jeune qui souhaiterait commencer l’athlétisme dans une structure handisport ?

Je lui dirais de ne pas vouloir aller trop vite. Il faut bien s’entourer, c’est essentiel. L’idéal c’est de continuer avec une équipe médicale ou paramédicale qui connaît bien le handicap. C’est important parce que parfois les médecins du sport ne connaissent pas la pathologie et ils agissent dès lors comme avec un sportif valide et là il y a danger. Certains athlètes connaissent bien leur handicap, je pense aux paraplégiques, aux IMC, d’autres ont besoin d’être épauler émotionnellement : les hémiplégiques, les victimes de traumatismes crâniens. Il faut arriver à faire cohabiter conseils sportifs pris auprès de techniciens du sport et conseils médicaux pris chez des professionnels du médical.

 

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