Rencontre avec Sylvie Talmant

Rencontre avec Sylvie Talmant

Sylvie Talmant, figure incontournable du staff de l’athlétisme handisport.

 

 

Raconte-nous ton parcours « Athlé Handi » jusqu’à aujourd’hui ?

51090076293_28ee599f34_oSylvie Talmant : Tout a commencé lorsque Clavel Kayitare est venu nous voir au club valide de l’Avia Club d’Issy-les-Moulineaux pour nous demander, à Jo Maisetti et moi-même, de nous occuper de son entraînement. Après les Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004, il avait envie, pour progresser, de s’entraîner de manière plus suivie. J’avoue que je connaissais très peu la pratique handi, on ne savait pas trop par où commencer. Mais on s’est documenté, on s’est adapté et Clavel a apprécié de vivre ses séances en compagnie des athlètes valides. Il a ainsi montré la voie à d’autres athlètes handi qui l’ont rejoint. Cela nous a incité à proposer au club la création d’une section handisport qui vit le jour en 2006 et dont j’ai pris la responsabilité. J’ai commencé à suivre les athlètes en stage équipe de France sur la saison 2009-2010 et j’ai intégré le staff en compétition lors des Championnats du monde de Lyon en 2013. Depuis, je n’ai plus quitté l’équipe. J’ai récemment pris ma retraite de l’éducation nationale avec un peu d’anticipation, pour être encore au plus près de nos sportifs et pour préparer au mieux les Jeux Paralympiques de Tokyo et ceux de Paris en 2024.

 

Quelles ont été les plus grandes évolutions de ce sport depuis tes débuts ?

S. T : Ce qui frappe le plus depuis 2004, c’est la très rapide évolution du niveau des performances dans toutes les épreuves. Les sportifs sont considérés maintenant comme des athlètes de haut niveau et non plus comme des personnes « handicapées » qui font du sport. Ils sont de mieux en mieux suivis et accompagnés, aussi bien au niveau sportif que médical. On essaye de les placer dans des conditions optimales de préparation. On a assisté également à une évolution dans la technologie au niveau des prothèses, des fauteuils, ce qui a entraîné une évolution technique. Ainsi, des recherches sont faites sur une optimisation des différents matériels : utilisation de temps de lame pour un meilleur renvoi, aérodynamisme autour du fauteuil de course….

 

Ton souvenir le plus marquant ?

S. T : C’est très difficile pour moi d’en choisir un. Je commencerai par notre hésitation à accueillir Clavel à nos côtés en raison de notre méconnaissance totale du milieu handisport. Cette merveilleuse aventure dure depuis plus de 15 ans maintenant.

Ensuite, il y a les championnats d’Europe de Grosseto en 2016 avec l’accompagnement sur place de Mandy François-Elie, désemparée par l’interdiction sur place, qui lui était faite par le staff médical, de participer à cette compétition. A deux mois des jeux de Rio, son état de santé nécessitait des soins en urgence en métropole, et afin de mieux assurer une reprise progressive de son entraînement et de sa préparation terminale avant Rio, j’ai choisi de la prendre avec moi à la maison tout l’été. Ce n’était pas gagné d’avance mais sa brillante médaille d’argent nous a prouvé que nous avions fait les bons choix. Autre souvenir marquant, la victoire de Nantenin Keita sur 400m lors de ces jeux au Brésil. Avoir pu la serrer dans mes bras à son retour du podium juste avant de repartir en métropole, car je rentrais avant le reste de l’équipe, reste un souvenir très fort.

 

Ce qui te plaît et te contrarie le plus dans ta fonction d’entraîneur ?

S. T :  Ce qui me plaît le plus, c’est de pouvoir travailler dans une bonne ambiance avec un groupe solidaire. C’est ce qui fait la force de notre groupe qui pratique un entraînement commun avec athlètes valides de notre club. Tout le monde apporte à tout le monde. Ce qui est important pour moi, c’est la confiance que nous témoignent les sportifs. Ce qui me contrarie, c’est un certain manque de considération et de soutien parfois. On veut des actions professionnelles mais on reste des benévoles, ce n’est pas toujours simple. La contrariété peut venir également de certains qui entravent notre marche en avant au lieu d’appuyer notre action. Enfin, le manque de partage et d’écoute qui seuls peuvent faire progresser nos sportifs.

 

Que voudrais-tu transmettre aux jeunes entraîneurs ?

S. T : Avoir confiance en soi sans se comporter pour autant comme détenant la vérité.

Avoir une capacité d’écoute et de dialogue aussi bien envers les sportifs que d’autres confrères. Il faut se dire que nous apprenons tout le temps et que nous avons besoin les uns des autres. En ce qui concerne l’entraînement pour les sportifs handicapés, c’est d’avoir une bonne maîtrise de la programmation d’une saison sportive mais aussi celle des différents handicaps pour obtenir la meilleure mise en place des adaptions nécessaires.

 

Tokyo 2021, cela évoque quoi pour toi ?

S. T : Enfin les Jeux !!! Pour les sportifs, l’attente a été longue et ils ont vraiment envie d’en découdre.

 

L’athlétisme Handisport en trois mots ?

S. T :  Convivialité. Partage. Respect.

 

Rédaction : R. Goude

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