L’Histoire de « Monsieur » Jo Maïsetti

L’Histoire de « Monsieur » Jo Maïsetti

On parle souvent des sportifs mais assez peu des encadrants dans les sports individuels. Ou alors si on en parle c’est qu’ils savent bien le faire ou les médias ont une bonne raison de le faire. Il y a un encadrant dans l’athlé handisport qui a une belle histoire mais qui ne la raconte pas. Une belle histoire avec les valides, une belle histoire avec les handisport. Alors que la saison estivale d’athlétisme handisport va se lancer au mois de mai avec en ligne de mire les Mondiaux aux Qatar en octobre, j’ai envie de vous raconter l’histoire de Georges Maisetti. Ou plutôt « Jo » Maisetti. Les fondus d’athlétisme se souviennent.

Le 1er septembre 1990, à Split, ville de Yougoslavie encore à l’époque, le relais 4x100m valide masculin devenait champion d’Europe avec un chrono de 37’’79, nouveau record du monde. Max Morinière, Daniel Sangouma, Jean-Charles Trouabal et Bruno Marie-Rose marquent l’histoire en s’appropriant le record planétaire détenu par les Américains de Carl Lewis. Leur entraîneur Jo Maisetti.

25 ans plus tard, « Jo » comme il est appelé depuis toujours, est le responsable du sprint et des relais handisport debout. En 2013, les gars du relais 4×100 m déficients visuels ont décroché le bronze sous ses yeux lors des mondiaux de Lyon. « C’était une belle récompense pour ce relais, dit-il timidement, et le début d’une vraie cohésion. Ils m’ont donné la chair de poule ».

Jo Maisetti est arrivé dans l’athlé handisport tricolore un peu par hasard en 2006. « Quelques mois auparavant, un de mes athlètes m’avaient demandé d’accueillir un copain à lui avec un problème à la jambe, explique l’entraîneur de l’Avia Club d’Issy-les-Moulineaux, c’était Clavel Kayitaré (3e du 100m amputés membres inférieurs des mondiaux de Lyon 2013 et champion d’Europe en 2014). Je me suis investi petit à petit dans l’handisport en m’occupant de lui ».

A l’époque, ce natif de la Corse, homme de peu de mots mais bien choisis, était redevenu simple entraîneur de club dans les Hauts-de-Seine après avoir quitté la Fédération française d’athlétisme en 1997, et son poste de responsable de relais qu’il occupait depuis le milieu des années 80. Puis au fil des rencontres, il intègre le staff tricolore handisport pour les Mondiaux de 2006 afin de gérer les relais puis le sprint. Et voilà que l’histoire recommence. « Je donnais juste quelques conseils, raconte-t-il, je ne me suis pas imposé ».

En 2008, aux Jeux Paralympiques de Pékin, une médaille de bronze est récolté en relais mais ensuite plus grand-chose car il est difficile d’organiser des rassemblements, « Il n’y a pas de secrets, il faut se voir ».

Après les Jeux de Londres de 2012, la commission d’athlétisme de la Fédération française handisport décide de relancer le collectif relais, afin d’intégrer des jeunes dans les équipes de France et de créer une dynamique. Des rassemblements et des stages sont organisés. « Jo » se régale. « Les gars ont adhéré tout de suite au projet, sourit-il timidement, mais on leur a dit que s’ils voulaient qu’on s’investisse tous avec eux, on attendait la même chose de leur part ». Le projet prend corps avec du travail bien sûr mais aussi du « feeling ». Ce côté humain indispensable à un relais, épreuve marginale au beau milieu d’un sport individuel mais qui raconte tellement de belles histoires.

Et indispensable également à Jo Maisetti. « En 1990, on avait ce feeling entre-nous, se délecte-t-il. Avec ce groupe de relais handi, ça passe aussi. Et puis quand on a l’adhésion de tous, tout est possible ».

Après une nouvelle médaille d’argent européenne avec le relais mal-voyant en 2014, « Monsieur » Jo est toujours là en 2015, à noter soigneusement ses séances sur son cahier, à distiller ses conseils, à prendre le minibus pour accompagner les gars aux compétitions, à partager son expérience sans « se la raconter ».

Par contre, si lors des mondiaux 2015 et des Jeux paralympiques 2016, les relais reviennent encore avec une breloque autour du cou, « Jo tu nous raconteras encore tes histoires hein ? »

Source : Le Blog de Renaud Goude

 

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