Entretien avec Olivier Deniaud, entraîneur des Equipes de France

Comment et pourquoi as-tu intégré l’encadrement de l’équipe de France Handisport d’Athlétisme ?

Tout a commencé par une rencontre avec Aladji Ba. De formation, je suis professeur d’EPS, j’ai été entraîneur dans divers clubs valides (US métro, PUC, Créteil). Lorsque j’étais à l’US métro en 1994, Jean Minier, actuel DTN, m’a présenté ce jeune à fort potentiel. Parallèlement j’ai été amené à encadrer des stages et ainsi de suite… Je me suis formé sur le tas et j’ai eu envie de continuer !

Quel bilan fais-tu des performances des athlètes français lors des Jeux Paralympiques de Londres 2012 ?

Je dresse un bon bilan de ces Jeux. Ce n’est jamais évident de réaliser une grosse performance dans une telle compétition. Les athlètes attendus ont répondu présent. Il faut dire que l’adversité était vraiment très élevée. Regardez, Thierry Cibone par exemple, lors du concours du poids F34 il bat le record du monde de 1m30 et pourtant il ne finit qu’à la troisième place. Je croyais qu’à Pékin on avait atteint l’excellence mais à Londres le niveau de performance, dans certaines catégories, était encore plus élevé. Et je pense qu’à Rio 2016 le niveau paralympique sera encore plus fort. Aujourd’hui les athlètes qui gagnent se sont ceux qui s’entraînent comme des professionnels : les anglais, les australiens et même les chinois. Les athlètes français sont présents mais, avec leur encadrement, ils n’ont pas les mêmes facilités (détachements professionnels, aides financières et professionnalisation du staff) que d’autres pour pouvoir prétendre à de telles performances. Certains y arrivent, je pense à Marie-Amélie le Fur par exemple, mais c’est très difficile.

Par rapport à ce bilan, quelle préparation a été mise en place pour les Championnats du Monde de Lyon cet été ?

Les objectifs d’un Championnat du Monde ne sont pas les mêmes que pour des Jeux Paralympiques. Aujourd’hui nous sommes déjà dans l’optique de Rio 2016, c’est pour cela que nous allons essayer, pour ces Mondiaux à Lyon, de sélectionner plus de jeunes à potentiel. Nous devons les accompagner dans leur préparation. Cette année nous avons l’ambition d’engager une équipe de relais dans la plupart des catégories de handicap pour justement permettre à des jeunes d’intégrer le collectif. C’est un bon moyen de leur faire découvrir l’ambiance d’une compétition internationale, de leur donner envie d’aller plus loin encore. Le danger d’une telle démarche c’est que les athlètes qualifiés prennent cette sélection comme un aboutissement et qu’ils ne fassent plus d’effort pour progresser. L’idée c’est que cette sélection soit une première étape en vue de Rio 2016.

La préparation des relais connait aujourd’hui une nouvelle dynamique, quelle est-elle et pourquoi faire un tel choix ?

Le relais s’inscrit donc dans cette dynamique d’intégrer des jeunes athlètes, de leur donner le goût de la compétition. C’est aussi un bon moyen de montrer que le haut niveau n’est pas inaccessible. Certes cela nécessite beaucoup de travail, 5 ans en moyenne lorsque l’on a des qualités et avec beaucoup d’entraînement, mais c’est possible si on se donne les moyens de réussir.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui souhaiterait commencer l’athlétisme dans une structure handisport ?

Il faut qu’il trouve la discipline qu’il a envie de faire et surtout qu’il s’entoure de personnes compétentes. L’objectif de la Fédération Française Handisport est justement de former et d’informer les entraîneurs. Nous devrons être capables d’accueillir tous les types de handicap dans toutes les disciplines. Etre entraîneur en Handisport ce n’est pas du tout la même chose que d’être entraîneur en club valide, et il faut être sensible à ces différences pour permettre la progression de nos jeunes. Quoi qu’il en soit il ne faut pas se décourager !

PARTAGER : Share on FacebookTweet about this on TwitterEmail this to someonePrint this page